Chaque trimestre la banque Crédit Agricole livre son analyse du marché immobilier français. Si l'année 2015 semble avoir été un "bon cru", 2016 s'annonce sous des auspices moins confiants, le niveau des taux d'intérêts restant la variable d'ajustement.

Bilan 2015 du marché immobilier

Logement ancien
Selon la dernière étude économique du Crédit Agricole, 2015 aura été un bon millésime pour le logement ancien. Sans atteindre le niveau des années fastes (2006 et 2007, 815 000 ventes par an), 2015 affiche 792 000 transactions en novembre, soit une hausse de 13% sur douze mois. La banque explique ce volume élevé par un effet d'aubaine lié au niveau historiquement bas des taux d'intérêts des crédits immobiliers.
A ce phénomène s'ajoute une baisse relative des prix des logements anciens : -1,5% sur un an au troisième trimestre (source Insee et Notaires), un recul moins marqué que durant les trois années précédentes (-2% par an). La correction entamée fin 2011 s'établit à -6%, plutôt anecdotique comparée à la hausse cumulée de 150% entre 1998 et 2011.

Logement neuf
Après une période de disette, le marché du neuf se redresse sensiblement : 99 000 unités, soit un rebond de 17% sur un an au troisième trimestre, qui s'explique en grande partie par le retour des investisseurs (loi Pinel). A l'instar des logements anciens, les prix dans le neuf reculent légèrement à -0,8% pour les appartements, plus fortement pour les maisons (-5,4%).

Production de crédits immobiliers
La production de crédits à l'habitat témoigne de ce regain d'activité. Sur douze mois, le cumul de nouveaux prêts (incluant les rachats de crédits immobiliers externes) est en hausse de 75%, après un recul de 19% en 2014. La part de la production de crédits liée aux rachats a atteint son plus haut pic en septembre avec 38%. Là encore, les emprunteurs se sont révélés opportunistes à profiter des taux exceptionnellement bas avant qu'ils ne remontent.

Evolution pour 2016 ?

La dynamique observée en 2015 se poursuivra-t-elle en 2016 ? Le Crédit Agricole se veut prudent, analysant le rebond de l'année écoulée de nature conjoncturelle. Si l'engouement des Français pour l'immobilier reste intact (effet "valeur refuge", préparation à la retraite, démographie soutenue, désir d'accession), le contexte économique demeure instable et les taux d'intérêts, à leur niveau plancher en 2015, risquent de se redresser parallèlement à l'évolution de l'OAT. A leur seuil le plus bas en juillet 2015 (2,16%), les taux remontent très légèrement depuis, pour atteindre 2,60% début 2016. Un mouvement qui devrait ralentir la demande de crédit, sauf si le PTZ nouvelle formule remplit ses objectifs et si les prix des logements poursuivent leur correction sous l'effet de la hausse des taux.