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Crédit Immobilier Les Banques Françaises Défendent Le Crédit à Taux Fixe

Touche pas à mon Taux Fixe!

Sur 9 mois consécutifs, les taux d'intérêts des crédits immobiliers n'ont cessé de refluer, atteignant à chaque échéance un nouveau record à la baisse. Du pain béni pour les emprunteurs qui financent leur projet à des conditions inégalées, et l'occasion pour les banques d'attirer le chaland pour le capter sur le long terme. Or, cet environnement de taux historiquement bas est une menace pour l'équilibre financier des banques qui pratiquent massivement des prêts à taux fixes. Le gouvernement de la Banque de France Christian Noyer a mis en garde les établissements bancaires contre ce dumping incessant, alignant son propos sur le projet de réforme du Comité de Bâle de pénaliser le crédit à taux fixe. Les banques françaises, mais aussi leurs homologues belges, allemandes et même japonaises, s'insurgent contre cette idée. Pour une fois que les intérêts des banques rejoignent ceux des consommateurs...

Plus de prêts à taux variables pour limiter les risques
Courant mai, le Comité de Bâle, l'organe régulateur du système financier mondial, fait savoir qu'il compte renforcer les exigences en capital en matière de crédits immobiliers. Ce projet aurait pour objectif de relancer la production de crédits à taux variables et in fine de mieux maîtriser le risque lié aux taux pour les banques. Pour comprendre l'intention, il faut savoir comment fonctionne la gestion du crédit immobilier. Quand un client emprunte à taux variable, il prend le risque de voir le taux évoluer à la hausse et d'en supporter les conséquences financières. Si le taux est fixe, la banque porte seule le risque, et pour le compenser, elle doit bloquer l'équivalent de la somme empruntée sur la même durée, soit en achetant des emprunts d'Etat, soit en alignant des dépôts à vue.


Ce principe n'est pas sans faille. Aujourd'hui les banques françaises inscrivent à leur bilan plus de 800 milliards d'euros d'encours de crédits immobiliers dont plus de 85% à taux fixe. Si les taux remontent, le risque d'une grave perte financière existe. Pour cette raison Bâle souhaite exiger des banques de mobiliser davantage de réserves en face des crédits immobiliers à taux fixes. A moins de prêter plus largement à taux variables, ce qui transfère le risque de taux sur l'emprunteur. Autre alternative, la titrisation qui permet de déconsolider les crédits du bilan : les banques transforment leurs créances (prêts immobiliers) en titres de marché achetées par des investisseurs. Mais pour cela, il faudrait que les taux soient plus attractifs. Donc rehausser les barèmes.

Défendre le taux fixe
En France, le crédit à taux variable n'a pas de succès, d'autant moins que la période de taux historiquement faibles leur ôte toute pertinence. Et s'il est avéré que le crédit à taux fixe est très peu rentable pour les banques françaises, le niveau exceptionnel des taux est aujourd'hui l'unique soutien au marché immobilier. Les banques françaises ne se privent pas de clamer une meilleure résistance à la crise de 2008 que leurs homologues étrangères. Pour elles, le projet du Comité de Bâle mettrait "en danger la capacité des banques à octroyer des crédits immobiliers à taux fixe, alors que cette pratique a été une source de résilience au cours de la dernière crise".



Gerard Mihranyan

Par , le jeudi 7 août 2014

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