Le niveau exceptionnellement bas des taux d'intérêt fait exploser les demandes de crédit immobilier. Les banques sont débordées et le retour des investisseurs sur le marché locatif n'est plus une chimère. Pour autant, le marché est loin de virer à l'optimisme, car les demandes concernent essentiellement les renégociations de prêt.

Taux au plus bas, production en hausse

Selon la Banque de France, le taux moyen du marché pour les crédits nouveaux à l'habitat est tombé à 2,30% en mars dernier, soit son niveau le plus bas depuis janvier 2003. Pour mémoire, il était à 5,38 en décembre 2008. Le point le plus bas a été atteint en février 2015 à 2,21%.
L'effet est déjà visible : la production de crédits nouveaux enregistre près de 40 milliards d'euros au premier trimestre, soit une augmentation de 28% par rapport au dernier trimestre 2014. Sur un an, la progression est phénoménale à +38%.

Marché toujours timide

Des chiffres pourtant trompeurs qui n'indiquent pas une reprise du marché de l'immobilier. Certes, les investisseurs sont de retour en montrant leur confiance dans le dispositif locatif Pinel. Ils sont près de 60% plus nombreux sur le segment du neuf sur un an au premier trimestre 2015. Les ventes dans le neuf ont progressé de 10% sur cette période, dopées par la nouvelle formule du Pinel, rendu plus incitatif depuis septembre 2014. En parallèle, les ventes en bloc sont à la peine (-23%), ainsi que les ventes en résidences services (-7,7%). Autre motif de découragement, le nombre de permis de construire est tombé à son plus bas niveau depuis juin 2009. Quant à l'ancien, il peine à décoller : sur un an fin mars, le volume des ventes cumulées affichait un recul de 4,6%.

Vague de renégociations

Cette dichotomie entre la production de crédits et le marché de l'immobilier s'explique par une explosion des demandes de renégociations de prêts. Chaque renégociation est comptabilisée comme un nouveau prêt...sans générer de vente. Les emprunteurs ont raison de profiter des taux historiquement pour revoir les conditions de leur crédit, car l'opération permet de réaliser des économies sur le coût global de leur prêt, qui se chiffrent en milliers d'euros sur la durée.