Crédit renouvelable : il a moins la cote.

Noémie Palussière,

Effet collatéral de la loi Lagarde, le crédit renouvelable est moins sollicité par les consommateurs français. Depuis son instauration en juillet 2010, la loi Lagarde a modifié l'accès au crédit renouvelable, un durcissement de la réglementation qui joue sur la production de ce type de crédit. Les ouvertures sont en chute libre et les résiliations augmentent fortement. Cette évolution observée par l'Association française des sociétés financières (ASF) traduit l'impact de la loi sur les comportements des consommateurs, désormais mieux informés des dérives potentielles du crédit renouvelable.

Sur un an à fin avril, le nombre d'ouvertures de crédits renouvelables chute de 15,5%. Le repli déjà très marqué à fin 2011 (-12%) s'inscrit dans la durée. La production de crédits renouvelables régresse de 22% à fin juillet 2012 par rapport à fin juillet 2009. L'augmentation très forte des résiliations est un témoignage encore plus significatif de la nouvelle réglementation sur les crédits. Entre les quatre derniers mois de l'année 2010 et la même période en 2012, les résiliations de comptes renouvelables ont augmenté de 60%. La proportion de crédits renouvelables dans la production totale des crédits à la consommation représente aujourd'hui 32% contre 40% en 2009.

La structure même de ce type de crédit évolue. Le montant moyen est en baisse et ressort à 2 826€ sur les quatre premiers mois de l'année contre 3 307€ sur la période mai/août 2010, par l'effet d'un recul très net des crédits de plus de 3 000€. Autre conséquence de l'encadrement du crédit renouvelable, la fonction "crédit" des cartes de fidélité distribuées par les grandes enseignes est désormais mois utilisée : les montants refluent de 9,6% à fin avril sur 12 mois après un repli de 6,8% fin décembre 2011. Avec la loi Lagarde, l'option "achat à crédit" ne doit être activée que sur demande expresse du client, l'option "paiement comptant" étant appliquée par défaut.

L'évolution positive de la loi Lagarde n'en est pas à son terme. Les crédits toujours en stock ne sont pas tous en conformité et le nouveau calcul des taux de l'usure ne sera effectif qu'à fin avril 2013. Les taux des crédits renouvelables seront alors en adéquation avec ceux des crédits amortissables. Aujourd'hui le calcul des taux de l'usure repose sur les différentes catégories de crédits. A l'avenir, ils seront déterminés en fonction du montant du crédit.

Rappelons qu'en 2011 le surendettement a poursuivi sa hausse exponentielle (+6,6%). Dans chaque dossier de surendettement sont présents en moyenne 4 crédits renouvelables. Le crédit renouvelable est d'ailleurs en cause dans 80% des cas de surendettement.