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Immobilier : comment l'inflation de l'immobilier pénalise l'économie française.

Le ministère de l'Economie découvre que la hausse des prix de l'immobilier fait barrage au développement de l'économie française. Un récent rapport de Bercy met en lumière les effets néfastes de l'inflation immobilière sur les ménages français mais également sur l'ensemble des paramètres économiques : compétitivité des entreprises, équilibre budgétaire des collectivités locales. Les 40 milliards d'€ dépensés chaque année pour la politique du logement ne servent visiblement à rien, une perfusion qui n'endigue pas la pénurie de logement et encourage au contraire la hausse des prix.

La cherté de l'immobilier a une incidence néfaste sur le coût du travail et l'investissement. Les entreprises doivent compenser sur les salaires l'évolution du coût des logements pour les salariés et elles subissent en parallèle une hausse des loyers et du foncier qui les oblige à réduire leurs investissements. L'argent circule moins, alors qu'en Allemagne le taux d'investissement des entreprises ne cesse d'augmenter depuis 2002. La forte hausse des prix des logements a bien sûr un impact sur la consommation en rognant sur le pouvoir d'achat des ménages, ce qui pénalise au final l'économie par une mobilisation de l'épargne vers les crédits immobiliers plutôt que vers le financement des entreprises. Elle déplace le marché des grandes agglomérations vers les zones périphériques, moins onéreuses que les centres villes. Mais cet étalement urbain pèse sur les finances des communes au regard de la gestion de l'eau et du réseau électrique. L'inflation immobilière rend par ailleurs plus difficile la mobilité professionnelle, ce qui contribue à alimenter le chômage. Elle vient enfin creuser les inégalités sociales en écartant les jeunes du marché immobilier tout en renforçant la position des propriétaires rentiers. Pour l'heure, la prime à la pierre ne permet pas de libérer l'offre. Subventionner la demande n'ouvre pas le marché, mais crée artificiellement une inflation des prix des logements. Rappelons-nous le PTZ+ version 2011, accessible à tous, ouvert à l'immobilier ancien et accusé de nourrir la hausse des prix, comme toute aide à l'accession. N'oublions pas que l'immobilier est un marché et non un service public.

Baisser les prix du foncier et des logements : la mission de la ministre Cécile Duflot ne manque pas d'ambition, quand on sait qu'en 15 ans les prix des logements français ont plus que doublé. Une mission cornélienne, puisqu'une baisse des prix immobiliers entraînerait immanquablement une baisse des recettes fiscales, notamment des recettes de l'ISF. Une première piste pourrait passer par une diminution des droits de mutation, afin de faciliter la mobilité pour augmenter les chances de retrouver un travail. Mais les transactions génèrent chaque année quelque 10 milliards d'€ de taxes (frais de notaire) qui bénéficient en premier lieu aux collectivités locales, une manne à laquelle s'ajoutent les 45 milliards d'€ de taxes diverses (taxe d'habitation, taxe foncière). On voit mal comment l'Etat et les régions pourraient s'en passer si les prix venaient à baisser de manière significative.



Gerard Mihranyan

Par , le lundi 7 janvier 2013

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