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Crédit immobilier : la production en chute libre.

Tel est le paradoxe du marché du crédit à l'habitat depuis janvier 2012. L'Observatoire du Crédit Logement/CSA constate un nouveau repli de la production de prêts au troisième trimestre. Le paysage économique dégradé a peu à peu écarté du marché les jeunes primo-accédants, les banques favorisant les ménages aisés. La très légère appréciation des prix des logements anciens ajoute à la déconvenue des plus modestes.

On espérait le mois de septembre plus dynamique, mais la saison de l'immobilier se fait encore attendre. La production de crédits recule de 24,3% au troisième trimestre en comparaison avec celui de 2011. Sur les premiers six mois, le nombre de crédits accordés a plongé de 33,1% ; en rythme annuel l'érosion atteint -25,2%. A la même époque en 2011, le volume des crédits grimpait de près de 15%.

Parallèlement à cette décrue, les taux d'intérêts ne cessent d'améliorer leurs performances pour se situer à quelques encablures des records de l'automne 2010. La moyenne enregistrée au troisième trimestre affiche 3,49%. On observe que 91% des prêts accordés en septembre se placent sous la barre des 4%. Dans un mouvement conjoint à la baisse des taux, les durées d'emprunt reculent : les banques rechignent à prêter sur les durées excédant 25 ans. Leur part ne représente plus que 18% des prêts octroyés contre près de 33% il y a 5 ans.

Si la durée moyenne de crédit diminue (209 mois au troisième trimestre), elle signe l'évolution du marché. Les jeunes primo-accédants, dont l'apport personnel réduit implique de s'endetter sur de longues durées, trouvent difficilement une banque pour leur faire confiance. Les établissements bancaires appliquent strictement les conditions d'accès au crédit et privilégient sans vergogne les dossiers faisant montre d'une situation professionnelle assise (CDI), d'un taux d'endettement inférieur à 33% et d'un apport personnel au minimum à hauteur de 20% de la somme empruntée. La suppression du PTZ+ dans l'ancien écarte mécaniquement les jeunes qui représentaient en 2011 jusqu'à un tiers des primo-accédants. La baisse des taux profite aux meilleurs candidats : pour atteindre leurs objectifs annuels, les banques ne peuvent non seulement augmenter les taux, mais n'hésitent pas à appliquer des décotes de plus de 0,40%.

Rien n'indique que le marché puisse repartir. Demande en berne, banques de plus en plus tatillonnes, et prix en moyenne toujours tenus à la hausse (+1,8% à fin septembre sur un an). Le volume des transactions pour l'année 2012 pourrait égaler les pénibles performances de 2009, soit autour de 650 000 ventes.



Noémie Palussière

Par , le vendredi 26 octobre 2012

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