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Crédit immobilier : les taux seraient-ils trop bas

Fin juillet les taux des crédits immobiliers ont atteint un nouveau record à la baisse. Une attractivité exceptionnelle qui augmente le pouvoir d'achat des emprunteurs, mais une menace pour le marché immobilier. C'est l'avis du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer qui demande aux banques de réviser leurs barèmes à la hausse. Les banques françaises affichent les taux d'intérêt les plus bas d'Europe. La performance est historique : une moyenne de 2,70% (hors assurances) toutes durées confondues à fin juillet, contre 4% début 2012.

On est enclin à penser que ce niveau remarquable rend les emprunteurs plus solvables en renforçant leurs capacités d'emprunt : ils peuvent emprunter plus ou diminuer leurs mensualités et réduire leur taux d'endettement. Pour le gouverneur de la BdF Christian Noyer, cette "situation n'est pas acceptable". Il estime en effet que la faiblesse des taux contribue à la montée des prix de l'immobilier et que les banques seraient bien inspirées de rehausser leurs barèmes pour éviter une bulle immobilière. Les banques réalisent des marges trop faibles sur les prêts immobiliers, ce qui affecte leur bilan et constitue un risque financier important. Emerge depuis déjà quelques semaines le projet de titriser une partie des crédits immobiliers : cela aurait pour effet de transférer le risque sur les investisseurs et pour conséquence immédiate une hausse des taux d'intérêt pour les attirer.

Logiquement les taux de crédit faibles maintiennent des prix élevés. Ils sont pourtant en baisse d'une manière généralisée, sauf à de rares exceptions dans les zones où la demande est très tendue avec des biens de haut standing. On attend une baisse moyenne de 4% pour l'année 2014. En cause une demande attentiste margé des taux très bas depuis plus d'un an. Il reste pourtant une belle marge de manoeuvre. N'oublions pas que l'immobilier français serait surévalué de 15% à 20% selon le Crédit Agricole et que la hausse de 155% depuis 1998 n'a été que partiellement compensée par le recul constant des taux de crédit.

Dernier élément à mettre en perspective, l'inflation : -0,3% en juillet par rapport à juin, et 0,5% sur un an, soit le plus bas niveau depuis novembre 2009. Loin des 2% que la Banque Centrale Européenne estime nécessaires pour remettre en marche la machine économique. Or, en comparant le taux de l'inflation actuel avec celui de 2011, nettement plus haut (2,5%), on constate que le loyer de l'argent n'est pas moins cher aujourd'hui.



Noémie Palussière

Par , le mercredi 3 septembre 2014

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