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Immobilier : comment faire baisser les prix ?

Valeur refuge par excellence, l'immobilier est devenu inaccessible pour un grand nombre de foyers français. Le renchérissement de l'immobilier hexagonal depuis une dizaine d'années n'a pas d'équivalent en Europe. Alors que les autres pays en crise ont vu les prix des logements dégringoler, la France fait figure d'exception mondiale, les prix de son immobilier étant surestimés d'environ 30% selon les experts. En intervenant par des politiques d'aides, la France a encouragé les hausses des prix. Une dérive observée par le Conseil d'Analyse Economique qui vient de soumettre une dizaine de propositions destinées à juguler ces hausses de l'immobilier.

La France dépense chaque année 40 milliards d'euros en aides à l'accession à la propriété et en aides au marché locatif. En multipliant les soutiens financiers des pouvoirs publics, notre pays a artificiellement gonflé les prix de son immobilier : en 15 ans, les prix ont subi une hausse moyenne de 6% par an, l'Île-de-France affichant une augmentation record de 19% sur la seule année 2011. Sur cette même période (1996/2011), les loyers ont été réévalués de 2,5% en moyenne et les prix à la consommation de 1,7%.

Le Conseil d'Analyse Economique explique les raisons de cette hausse immodérée de l'immobilier : la demande supérieure à l'offre qui établit le constat d'une pénurie de logements essentiellement dans les zones tendues (démographie dynamique, et population concentrée dans un nombre réduit de grandes métropoles), les conditions d'accès au crédit facilitées par des taux d'intérêt très faibles, les politiques d'aides aux primo-accédants et des dispositifs fiscaux en faveur de l'investissement locatif (PTZ+, Robien, Scellier et aujourd'hui Duflot), la cherté du foncier qui bénéficie par ailleurs d'une fiscalité incitant la rétention, et l'augmentation des coûts de la construction liée aux normes successives notamment la réglementation énergétique. Sur ce dernier point, le CAE propose que soit créé un groupe de travail pour expliquer l'écart entre l'augmentation des coûts de construction et celle des prix à la consommation (14% depuis 2005).

La préconisation phare du CAE est de supprimer progressivement tous les dispositifs d'aide à l'accession, notamment le prêt à taux zéro pour le remplacer par une solution de location-accession pour les plus modestes. Exit également les dispositifs de défiscalisation en faveur de l'immobilier neuf dont l'avantage fiscal est en partie capturé par les promoteurs. Le conseil suggère par ailleurs à l'Etat de revoir les taxes sur les transactions, ces droits de mutation qui représentent 5% du montant des transactions. Autre piste importante, le transfert des permis de construire à l'intercommunalité plutôt qu'aux mains du maire, afin de fluidifier l'offre immobilière.



Gerard Mihranyan

Par , le jeudi 28 février 2013

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