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Immobilier parisien : la dérive inflationniste des prix.

Encore une fois, Paris se distingue du reste de l'hexagone et marginalise son secteur immobilier. La hausse des prix des logements progresse de mois en mois et entraîne des records à chaque échéance. Selon les Notaires de l'Ile-de-France qui viennent de publier leur rapport trimestriel, la barre des 7 000€ est dépassée, confirmant ainsi le constat des agences immobilières et des sites d'annonces en ligne. Si une envolée des prix implique nécessairement une forte demande qui témoigne d'une activité positive, elle induit également une réelle inquiétude de la part des professionnels, pour le moins circonspects au regard d'une situation unique à l'échelle du pays à l'heure où la stabilité économique fait défaut.

En une année, les prix parisiens ont gagné près de 14% en moyenne, avec des pics proches de 20% pour certains arrondissements (Xème, XIXème et XVIIIème). Le IIème arrondissement explose les données avec +21,8% en un an. La moyenne de 7 000€ le mètre carré est allègrement dépassée dans de nombreux quartiers, la palme revenant au XVIème avec plus de 20 000€/m2. En une année, les prix des logements parisiens ont gagné +1 000€ du mètre carré et aucun secteur de la capitale n'affiche de prix inférieurs à 5 000€/m2. Avec une inflation annuelle à fin septembre à 13,8%, les Notaires tablent sur une progression de +15% à l'issue de l'année 2010.

Cet arrêt sur image aujourd'hui du marché immobilier parisien témoigne d'une vigueur de l'activité qui, loin d'apparaître totalement saine, inquiète les analystes et les élus locaux. La pénurie de logements s'affute de mois en mois, pour preuve le nombre de transactions qui reste en-deçà de la moyenne d'avant-crise : 33 700 ventes conclues en un an dans la capitale, c'est certes un chiffre performant en comparaison avec 2009 (27 500 ventes), mais toujours en retrait par rapport aux premières années 2000 avec leurs 38 700 ventes moyennes. L'effet pervers de la hausse des prix a entraîné une migration des acheteurs vers les quartiers plus populaires et originellement plus abordables qui subissent inévitablement une très forte inflation des prix : le Xème arrondissement voit ses logements augmenter en moyenne de +18,8% sur un an.

Conséquence prévisible de cette dérive si la bulle immobilière parisienne ne se dégonfle pas rapidement, la paupérisation des ménages franciliens qui devront consacrer une somme plus importante pour se loger. L'investissement immobilier à Paris est une tendance qui s'est confirmée avec l'étendue de la crise mondiale, les acheteurs aisés se réfugient vers la pierre pour se détourner des marchés financiers beaucoup plus aléatoires. Le parc immobilier se réduit comme peau de chagrin pour les personnes désirant acheter pour se loger, avec, pour corollaire, une flambée des prix qui les éloigne encore plus de leur projet. Il faut aussi compter avec les investisseurs étrangers qui représentent désormais 8% des acheteurs et qui privilégient les biens de grand standing.

Le maintien des taux d'intérêts à un niveau très bas favorise l'envolée des prix. Jusqu'à la fin de l'année, le scénario se poursuivra avant l'entrée en vigueur des modifications gouvernementales en matière de fiscalité immobilière et d'aide à l'accession.