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Immobilier : la crise n'épargne plus la France.

Le marché immobilier français avait su résister à la crise depuis 2008. L'effondrement des marchés dans la zone euro et aux USA n'avait pas touché l'hexagone en 2009, et les années 2010 et 2011 avaient enregistré une activité particulièrement alerte. 2012 sonne le glas de cette belle dynamique. L'immobilier français est rattrapé par la crise, et éloigne même la perspective d'une année prochaine plus optimiste.

Alors que les taux d'intérêt sont quasiment au niveau plancher, le volume des transactions immobilières se contracte irrémédiablement de mois en mois. Les trois premiers trimestres enregistrent une chute moyenne de 20%, avec des pointes évaluées au double dans certaines zones rurales. Même Paris, habituellement en marge du tableau général, ne déroge pas à la règle, affichant une baisse de plus de 20% du nombre de ses transactions.

On peut facilement blâmer les banques d'avoir resserré l'accès au crédit, mais le marasme est multifactoriel. La crise économique touche tous les secteurs d'activité, la pierre en est un parmi d'autres, et si elle fait figure de valeur refuge, son aura s'étiole à l'aune des blocages dressés devant elle. Chômage, pouvoir d'achat en berne, coup porté à la fiscalité des plus-values, suppression de certaines aides à l'acquisition (seul l'immobilier neuf est éligible au PTZ+), les obstacles ne manquent pas. Nombreux sont les candidats à l'achat immobilier à renoncer à leur projet, à commercer par les jeunes primo-accédants. La production de crédit à l'habitat plonge de plus de 30% depuis janvier (chiffres de l'Observatoire du Crédit Logement/CSA).

Sans compter que l'absence de terrain d'entente entre les vendeurs et les acheteurs grippe les rouages. Les premiers sont entrés en résistance et peinent à lâcher du lest. La surévaluation des prix est une constante dans de nombreuses zones, Paris bien sûr, toute la zone francilienne également, mais aussi certaines agglomérations où l'économie reste dynamique. A Bordeaux, Poitiers, Tours, Lille, les prix des appartements anciens ont augmenté sur un an, jusqu'à plus de 11% pour Bayonne. A Nîmes, Chartres ou encore Limoges, ce sont les prix des maisons qui continuent de grimper (+16,5% à Nîmes) (chiffres des Notaires de France, évolution sur un an au deuxième trimestre 2012). A Paris, les valeurs s'apprécient plus modérément, +2,5% en moyenne avec des baisses inattendues pour certains arrondissements (-2,5% dans le IVème). Certaines zones subissent pourtant des ajustements de prix à la baisse : à Caen, Strasbourg, Rouen ou Metz, les prix des appartements reculent entre 5% et 10% ; le constat est le même par les maisons à Metz, Orleans, Nancy ou Le Havre.

A mettre à l'actif de la morosité ambiante, les biens surévalués, surtout ceux qui présentent des défauts, sont écrémés du marché, même dans la capitale pourtant victime constante de la pénurie de logements. Les hausses de prix constatées dans certaines zones témoignent du recentrage sur les biens de bonne qualité. Les délais de vente s'allongent, entre 100 jours et une année pleine selon les zones pour vendre un bien. S'ils veulent conclure, les vendeurs devront faire de plus larges concessions, car le reflux cumulé de la demande et de l'offre pourrait d'avantage peser sur le marché en 2013. Les Notaires anticipent une baisse moyenne des prix de l'ordre de 10% sur la période 2012-2013. Beaucoup plus sans doute dans les régions reculées où la demande s'est déjà tarie.



Noémie Palussière

Par , le lundi 29 octobre 2012

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