Aujourd'hui les conditions d'emprunt  pour financer un projet immobilier sont très favorables. Taux d'intérêt  au plus bas, banques qui font les yeux doux aux candidats, et prix  légèrement en baisse dans la plupart des régions, tout porte à croire  que cette période propice va s'inscrire dans la durée. Plusieurs  facteurs vont prochainement faire bouger le curseur, le premier et non  des moindres étant les nouvelles règles prudentielles imposées aux  banques. 
Bâle III
Les banques ont obligation  de se conformer au système de régulation bancaire, Bâle III, qui vise à  éviter une nouvelle crise bancaire. Dans les grandes lignes, les  banques doivent augmenter leurs fonds propres, limiter leurs actifs par  rapport à ces mêmes fonds et disposer de liquidités suffisantes. Pour  faire face à ces exigences, les banques envisagent de recourir à la  titrisation, c'est-à-dire adosser les créances à des titres émis par des  investisseurs sur les marchés financiers. Les banques se débarrassent  des risques pris en accordant les crédits et récupèrent rapidement des  liquidités.
Et pour ce faire, elles doivent augmenter leurs marges pour  rémunérer les investisseurs...au détriment des emprunteurs qui subiront  alors une hausse des taux d'intérêt. Le Crédit Foncier vient d'ailleurs  de relancer tout récememnt la titrisation en plaçant 1 milliard d'euros  de titres adossés à des crédits immobiliers. 
Pour répondre à la  problématique de refinancement des crédits, les banques se voient  obligées d'orienter leur politique vers plus de qualitatif, en clair  privilégier les clients hautement solvables avec apport personnel (au  minimum le financement des frais de notaire et de dossier). 
Bâle III se met en oeuvre progressivement depuis janvier 2013 pour une intégration totale à l'horizon 2019.
Réforme de l'assurance emprunteur
D'autant  que l'entrée en vigueur à l'automne prochain de la réforme de  l'assurance emprunteur pourrait induire une perte de marges pour les  banques. Les emprunteurs auront bientôt la possibilité de renoncer à  leur assurance de prêt souscrite auprès de la banque prêteuse dans un  délai de 12 mois et de la substituer par un contrat externe à garanties  au moins équivalentes. L'assurance de prêt est un marché juteux pour les  banques, les marges qu'elles engrangent sur ce produit leur offrent une  belle altitude pour faire des efforts sur les taux. L'éventualité que  le client renonce au contrat interne leur donnera alors le prétexte de  relever les taux. 
Les courtiers pénalisés 
Les  courtiers en crédit immobilier risquent d'être les victimes  collatérales de cette stratégie générée par la nouvelle régulation  bancaire. Accusés par les banques d'alimenter la guerre des prix sur les  taux d'intérêts, ces derniers pourraient à l'avenir voir leur part  diminuer dans la production totale de crédits, les banques préférant les  clients en direct plutôt que ceux amenés par les courtiers, peu  nombreux, au final, à domicilier leurs comptes auprès de la banque qui  leur accorde le prêt.