On pensait à tort que le niveau très bas des taux d'intérêts aurait un effet salvateur sur la production de crédit. C'est en partie vrai, mais force est de constater que le marché immobilier reste grippé. Si l'accès au crédit demeure un leurre pour beaucoup, un climat fiscal incertain et des niveaux de prix toujours trop élevés ont achevé de refroidir les candidats à l'achat. Comme en début d'année, le marché du crédit immobilier est soutenu par les rachats de prêts.
Pas de reprise des transactions
Courtiers  en crédits et agents immobiliers dressent le même constat. Malgré les  signes encourageants de l'été, le marché immobilier ancien demeure  sinistré. Les chiffres sont en effet trompeurs. Si l'Insee a enregistré  une hausse moyenne de 0,2% pour les prix dans l'ancien au cours du  deuxième trimestre, la baisse affiche 1,1% sur l'année. Certes, on dit  les prix de l'immobilier français surévalués, une hausse des valeurs  témoigne néanmoins d'un dynamisme de la demande. Celle-ci demeure atone,  malgré un volume de transactions en progression fin juin (+2,9% sur  douze mois par rapport à mars). Une amélioration toute relative : les  analystes pronostiquent environ 630 000 ventes pour l'année 2013 contre  709 000 l'an passé, loin derrière les moyennes de 800 000 observées pour  les années d'avant crise.
Autres  chiffres trompeurs, ils concernent la production de crédits. Le rebond  spectaculaire du deuxième trimestre, +35,3%, cache une réalité plus  nuancée. Elle n'est malheureusement pas le signe d'une reprise des  transactions. Le niveau historiquement bas des taux d'intérêts (toujours  sous la barre des 3% en août selon l'Observatoire Crédit Logement/CSA) a  entretenu un climat particulièrement favorable aux renégociations de  crédits. Le courtier Empruntis estime que les rachats de prêts ont  représenté près de 40% de son activité crédit sur les six premiers mois,  soit quatre fois plus qu'habituellement. Cette baisse exceptionnelle  des taux a donc servi avant tout à ceux déjà détenteurs d'un crédit  immobilier et dans une moindre mesure aux secundo-accédants. Les  primo-accédants sont les perdants ; ils ont représenté seulement 40% des  dossiers traités selon Empruntis, contre 60% en 2010.
Prix trop élevés
Pour  noircir le tableau, les prix refusent de baisser. Un paradoxe quand la  demande patine. Tout un faisceau d'éléments pour expliquer cela : le  niveau bas des taux a permis le maintien des prix dans une fourchette  haute. En France contrairement à d'autres pays où les nombreuses saisies  de biens tirent les prix vers le bas, le marché du crédit est sain, le  taux de défaillance des emprunteurs est faible. Le marché s'est par  ailleurs recentré sur les biens de qualité pour laisser en touche les  logements médiocres ou présentant des défauts. Un ajustement des prix  réellement bénéfique au marché est pour l'heure illusoire. 
Attendons  la fin de l'année. L'entrée en vigueur d'une fiscalité adoucie des  plus-values immobilières va peut-être déplacer les curseurs. Espérons  que l'exonération totale à 22 ans de détention au lieu de 30 depuis le  1er septembre soit suivie d'effets.