Après avoir été invalidée par le Conseil  Constitutionnel, la mesure visant à supprimer les abattements pour  durée de détention dans le cadre d'une cession de terrains  constructibles réapparaît. Pour fluidifier le marché et juguler la  pénurie de foncier, le gouvernement s'en prend directement aux  propriétaires de terrains à bâtir. La fiscalité devrait être modifiée  dès le 1er janvier 2014.
Actuellement le régime des plus-values  foncières est le même que celui des plus-values de bâtiments (hors  résidence principale). Le vendeur bénéficie d'un abattement pour durée  de détention, calculé sur la base du taux d'imposition de 19%, selon la  dernière réforme en vigueur depuis février 2012 :
- 2% par an entre la sixième et la dix-septième année de détention ;
- 4% par an jusqu'à la vingt-quatrième année ;
- 8% par an au-delà jusqu'à l'exonération totale au bout de 30 ans.
S'y ajoute le taux des prélèvements sociaux de 15,5%.
Le  29 décembre dernier, le Conseil Constitutionnel avait censuré  intégralement l'article 15 de la loi de finances 2012 qui imposait un  nouveau régime de taxation (suppression de l'abattement pour durée de  détention). Les Sages ont en effet jugé confiscatoire le fait de  soumettre les plus-values réalisées lors de la cession de terrains à  bâtir au barème progressif de l'impôt sur le revenu à compter du 1er  janvier 2015. En instituant une différence d'imposition entre les  plus-values des terrains à bâtir et celles des autres biens immobiliers,  le législateur aurait bafoué le principe d'égalité devant les charges  publiques : ces nouvelles dispositions auraient fait grimper le taux  marginal d'imposition à un seuil maximal de 90,5%. Une telle différence  d'imposition concernant des biens de même nature (il suffit de  construire pour que le terrain ne soit plus "terrain à bâtir") crée une  rupture de l'égalité devant les charges publiques, sans qu'aucun motif  d'intérêt général suffisant ne vienne la justifier. "Le choc d'offre  temporaire" souhaité par le gouvernement a rendu cette taxation  excessive anticonstitutionnelle.
Dans le respect des exigences  formulées par le Conseil Constitutionnel, le ministre du Budget souhaite  engager une nouvelle réflexion afin de mettre en place une fiscalité  favorisant la mise sur le marché des ressources foncières. Il est clair  qu'on s'achemine vers un alourdissement de la taxation des plus-values  des terrains à bâtir. Il est probable qu'à compter du 1er janvier 2014  aucun abattement ne sera plus pratiqué, ce qui signifie que  l'exonération au bout de 30 années de détention sera également  supprimée.