Immobilier : quand l'offre ne rencontre pas la demande.

Gerard Mihranyan,

Vendeurs et acheteurs semblent avancer sur deux lignes parallèles sans jamais se rencontrer. Le marché immobilier de ces premiers 8 mois affiche un déséquilibre constaté par l'ensemble des professionnels. L'offre et la demande sont en décalage tant par la nature des biens que par les prétentions tarifaires. Une situation pressante qui laisse augurer une année 2012 bien en-deçà des prévisions, à l'heure où tous les acteurs du marché attendent les décisions du gouvernement en faveur de l'immobilier.

Selon le dernier baromètre du réseau d'agences immobilières Orpi, le marché subit une dégradation depuis la fin de l'année 2011. La dichotomie entre l'offre et la demande au premier semestre 2012 engendre une chute du volume des ventes de près de 15%. Century 21, autre réseau majeur, chiffre quant à lui le recul à 17% sur un an pour l'ensemble du territoire. Certaines régions souffrent encore plus avec un repli très net de 25% sur douze mois (Normandie, Picardie, Paca, Rhône-Alpes). Orpi observe que la demande reste globalement constante, tandis que l'offre fluctue en creusant les écarts. La nature des biens proposés à la vente est en rupture avec les souhaits des acheteurs : un trop grand nombre de maisons arrive sur le marché pour une demande réelle inférieure. L'offre d'appartements est pour sa part en baisse pour une demande semblable à celle de l'an passé. Les biens à la marge (petits appartements et grandes maisons de plus de 5 pièces) ne rencontrent pas de demande suffisante, les acquéreurs potentiels étant en recherche de surfaces moyennes.

L'autre constat dressé par Orpi porte sur le niveau des prix. Les vendeurs ont des prétentions souvent très éloignées des espérances des acheteurs. A la réalité des attentes de ces derniers s'oppose la perception voilée des premiers quant à la valeur de leur bien. En résulte un allongement des délais de transaction : le délai moyen au niveau national est passé de 70 à 92 jours en un an. L'érosion des prix reste modérée au regard des difficultés du secteur. La plupart des professionnels anticipent un recul des prix limité à 5% pour l'année 2012, quand d'autres tablent plus vraisemblablement sur une stabilité tenace. Beaucoup s'accordent à dire qu'une baisse notable des prix aiderait à relancer le marché.

Valeur refuge par excellence, la pierre souffre d'un déficit de confiance alimenté par une conjoncture peu favorable et par les changements successifs de l'environnement fiscal. Les primo-accédants ont déserté le marché (prix trop élevés, PTZ+ supprimé dans l'ancien, durcissement des conditions d'accès au crédit), tandis que les investisseurs privés sont plus frileux à s'engager (rabotage du Scellier). Entre temps, le poids des taxes sur l'immobilier s'est fait plus lourd. Tout le monde observe avec attention des prochaines décisions du gouvernement concernant la taxation du patrimoine et le régime qui succédera au Scellier.