Crédit consommation : la face cachée du premier bilan de la loi Lagarde.
La loi Lagarde sur le crédit à la consommation a été votée en juin 2010 et ses décrets mis en application au fil des mois.
Après plus d'un an, l'ASF, l'association française des sociétés financières, dresse un premier bilan du dispositif qui tend à prouver son réel effet. Le crédit renouvelable aurait reculé, la loi ayant pour visée une forte limitation de cette forme de crédit pour lutter contre le surendettement. Pour autant qu'elle soit plus protectrice envers les consommateurs, la loi reste imparfaite et les premiers chiffres optimistes cachent une réalité du terrain beaucoup moins angélique.
Plus de la moitié des crédits à la consommation sont distribués par les organismes de crédit rassemblés sous l'ASF. Les premiers chiffres font état d'une diminution du volume des crédits renouvelables qui représentent aujourd'hui 35% des crédits conso accordés contre 44% en 2000.
Constat que l'ASF impute en partie aux effets de la loi Lagarde qui vise à privilégier le crédit amortissable au détriment du crédit renouvelable.
Les vendeurs des grandes enseignes de la consommation ont en effet obligation de proposer un crédit amortissable à la place d'un crédit renouvelable dès lors que le crédit est destiné à un achat précis. Avec des taux moins élevés et des durées plus courtes, le crédit amortissable n'a pas les effets pervers du crédit renouvelable. La loi prévoit également un renforcement de l'information aux consommateurs et un encadrement de la publicité relative aux crédits immobiliers. La mise en place de ces mesures se fait progressivement et engendre un coût pour les opérateurs de crédit. Ce que ces derniers critiquent, de même que la complexité et la contrainte additionnelle.
Sans mettre en doute les chiffres de l'ASF, un autre son de cloche émane d'un cabinet de conseil en crédit, Denis Cotte Conseil.
Le cabinet livre une autre interprétation au recul du crédit renouvelable et dénonce une "véritable campagne de désinformation". Si la production de crédits renouvelables est en baisse, on le doit à l'augmentation des rachats de crédits qui entraînent de facto une résiliation des crédits renouvelables au moment du rachat. Autre élément qui conforte cette position : la proportion entre crédits renouvelables et crédits personnels n'a pas évolué depuis la mise en place de la loi Lagarde, la production de crédits renouvelables est d'ailleurs toujours supérieure à celle des prêts personnels. Et le cabinet d'arriver à la conclusion que la recrudescence des difficultés financières pour un plus grand nombre de ménages conduit à l'augmentation effective des rachats de crédits. L'effet vertueux de la loi Lagarde et la bonne conduite des organismes de crédit n'y seraient donc pour rien.