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Surendettement : comment la loi Lagarde fragilise les ménages endettés.

Un an après sa mise en place, la loi Lagarde qui vise notamment à enrayer les dérives du surendettement peine à convaincre. Elle est même accusée de fragiliser les ménages au bord du surendettement, ceux qu'on nomme en langage politiquement correct les malendettés. La loi les oblige à rembourser plus rapidement leurs dettes, ce qui entraîne une hausse des mensualités et à terme une situation de surendettement.

Ces ménages qui manient le crédit à la conso de manière excessive seraient entre 2 et 3 millions à frôler le surendettement. Leur taux d'endettement moyen atteint facilement 55%, mais ils ne sont pas concernés par les incidents de paiement qui conduisent automatiquement au fichier de la Banque de France. En jonglant avec les crédits renouvelables, ils arrivent peu ou prou à boucler leur fin de mois. Or, depuis le 1er mai 2011 la loi Lagarde alourdit leurs charges, car le crédit renouvelable est désormais amortissable. L'emprunteur ne rembourse plus seulement les intérêts, mais également une partie du capital : le montant des mensualités est plus élevé, en contrepartie le crédit est soldé plus tôt. Quand ces emprunteurs se retrouvent devant un mur de dettes, il est parfois trop tard pour la restructuration de crédits. L'ultime solution reste alors la commission de surendettement.

La loi Lagarde a le mérite d'avoir imposé des règles aux organismes de crédit, mais elle n'a pas modifié le comportement des emprunteurs. Ceux qui pouvaient contracter plusieurs crédits à la consommation en multipliant les comptes bancaires pour brouiller les pistes peuvent toujours le faire. Un garde-fou aurait été d'instaurer ce fameux fichier positif pour recenser tous les crédits aux particuliers. Le législateur s'y oppose contre l'avis motivé des associations de consommateurs. Il est cruel de constater que la loi sert parfois à protéger les gens contre eux mêmes.



Noémie Palussière

Par , le mercredi 4 avril 2012

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