Surendettement : création du registre national des crédits aux particuliers
Vendredi dernier le Sénat a adopté en  première lecture le projet de loi sur la consommation. Le texte prévoit  toute une série de mesures dont certaines, emblématiques, se font l'écho  des revendications des associations de consommateurs. On pense  principalement à l'action de groupe, avatar de la class action à  l'américaine, qui doit être autorisée pour les consommateurs s'estimant  lésés. Autre mesure phare, la résiliation à tout moment à compter d'une  année d'engagement des contrats d'assurance auto et habitation, ainsi  que les contrats sur les portables et les appareils électriques. Mais la  mesure qui a créé la surprise est bien la création d'un registre  national des crédits aux particuliers, le fameux fichier positif qui  peine depuis des années à trouver un aboutissement législatif. 
Le  registre national des crédits aux particuliers (RNCP) a pour objectif de  responsabiliser les prêteurs pour juguler le surendettement. Il  recensera l'ensemble des crédits contractés par un particulier et doit  servir d'outil contraint pour les organismes prêteurs dans leur décision  d'octroyer un crédit supplémentaire. Il sera centré sur les crédits à  la consommation, plus facilement accessibles que les crédits  immobiliers, car sans vérification systématique de la solvabilité de  l'emprunteur. Benoit Hamon, le ministre à l'initiative de ce projet de  loi, assure que ce registre respectera les libertés individuelles. 
Loin  de faire consensus, le fichier positif a été maintes fois repoussé,  déjà sous l'ancienne mandature. Finalement introduit par amendement en  juin lors de l'examen du texte en première lecture par l'Assemblée, le  fichier s'était heurté aux réticences du ministre lui-même, qui s'était  déclaré peu favorable en septembre dernier, mettant en avant les griefs  de nombreuses associations de consommateurs sur le problème de fichage.  En première ligne, l'UFC-Que Choisir qui dénonce le risque potentiel de  "dévier vers une véritable fichage, compte tenu des données nominatives  et quantitatives sur les personnes physiques". Pour l'association, le  nombre de crédits détenus par un ménage n'est pas un critère suffisant  et ne rend pas compte de la façon dont le ménage gère son budget. Le  reste à vivre, seul élément capable d'établir que l'endettement est sain  ou "malsain", ne sera pas visible sur ce fichier, les charges de la vie  courante (téléphonie, loyer, factures énergétiques,...) n'y figurant  pas. Le fichier pourrait aussi induire un effet boomerang en donnant aux  prêteurs un outil pour promouvoir le crédit auprès des consommateurs  capables de s'endetter encore. Toujours pour l'UFC-Que Choisir, le  surendettement est consécutif à un accident de la vie dans 75% des cas  (maladie, divroce, séparation, chômage, décès). Le fichier ne  renseignera pas sur ce type d'évènements imprévisibles.
Le texte doit encore passé en deuxième lecture devant l'Assemblée pour être définitivement adopté. 
 
						 
				Par Gerard Mihranyan, le mardi 17 septembre 2013

