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Immobilier : les maisons du crime sont-elles vraiment invendables ?

Immobilier : les maisons du crime sont-elles vraiment invendables ?

L'info a fait le tour des médias : la maison de Landru est à vendre. Personne n'ignore le passé horrifique de cette jolie demeure, située dans les Yvelines, dotée d'un vaste jardin et proposée à 450 000€ : elle abrita le premier tueur en série français, coupable du meurtre d'une dizaine de femmes qu'il attirait chez lui par le biais de petites annonces dans la presse. A moins d'avoir un penchant morbide, qui peut bien avoir envie d'y vivre ? Surprise ! Il s'avère que les habitations où s'est déroulé un crime ne sont pas si difficiles à vendre.

A vendre, cause décès !

La maison où sévit Landru a été vendue plusieurs fois. D'abord à un restaurateur, puis de nouveau à des particuliers. Le prochain occupant fera sans doute omission des horreurs commises au début du XXème siècle, comme l'a fait le couple de Belges qui a acquis en 2003 l'ancienne demeure de Michel Fourniret. Tueur en série des années 90, Fourniret possédait une demeure dans les Ardennes belges, le château de Sautou, où lui et sa compagne vécurent entre 1989 et 1991. Ce n'est qu'en 2004, un an après son arrestation, qu'on découvrit dans le parc du château les corps de deux de ses victimes. Les nouveaux propriétaires n'avaient pas renoncé pour autant à en faire leur maison de campagne avant de la revendre début 2015.

Une mort violente n'est pas un vice caché

En France, il n'existe aucune obligation légale de signaler aux futurs acheteurs le passé tragique d'un bien immobilier. Cela n'empêche nullement l'agent immobilier de s'imposer un devoir moral d'informer ses clients de ce qui s'est déroulé dans les murs. Aux acheteurs ensuite d'en tenir compte, de passer leur chemin ou d'en faire abstraction, sachant qu'une habitation est un lieu de vie où chacun, par nature, doit se sentir en sécurité. S'il est facile de passer sous silence un suicide, c'est bien différent quand le drame a été médiatisé. La maison louée par les Dupont de Ligonnès à Nantes a été vendue en 2015 pour autour de 200 000€, alors qu'elle en valait au moins 450 000€.

Apprendre une fois la transaction finalisée que le bien fut une scène de crime donne à l'évidence le sentiment d'avoir été floué. Le savoir permet en revanche de bien négocier le prix de vente, souvent de réaliser l'affaire de sa vie. Ce fut le cas avec le chalet des Flactif au Grand-Bornand : estimé à plus de 800 000€, il a été acquis pour la modeste somme de 315 000€ par un investisseur locatif. L'agence qui gère la location du chalet ne manque jamais d'informer ses clients du drame qui s'y est noué en 2003, et il est rare que cela constitue un frein rédhibitoire.








Hervé Labatut

Par , le mardi 10 avril 2018

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