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Quand l'immobilier hésite entre crise et reprise

A en croire les professionnels du secteur, l'immobilier vit actuellement une embellie. Les chiffres sont, il est vrai, plutôt encourageants, mais doit-on pour autant penser que le secteur est sorti de la crise ? Il convient de tempérer les propos des agents immobiliers et des notaires, de considérer que la prudence est de mise et que les prix doivent continuer à baisser pour faire revenir les acheteurs.

Les Fédérations de professionnels (Fnaim), les agents immobiliers (Century 21, Laforêt) ainsi que les notaires de Paris s'enthousiasment sur le rebond que le marché immobilier semble vivre actuellement. La crise financière qui a débuté il y a un an est-il révolue ? Le sursaut du secteur est-il promis à une continuité sur le long terme ? Soyons plus modérées et considérons que la conjoncture économique reste peu fiable pour parier sur une réelle reprise durable.

Certes les ventes sont en hausse et les prix entament une période de stagnation. Un pas en avant qui se chiffre à 65% d'augmentation des ventes de logements neufs au troisième trimestre (par rapport à l'an passé). Dopé par les mesures gouvernementales telle la loi Scellier ou encore le prêt à taux zéro, l'immobilier neuf a redressé la tête depuis le début de l'année et retrouve son niveau de fin 2004. Ce rebond du secteur a d'ailleurs stoppé la baisse des prix qui est évaluée à seulement -2,4% sur une année à la fin du deuxième trimestre.

Dans l'ancien, les ventes ont également suivi une courbe ascendante mais de manière moins franche. Au troisième trimestre, les prix auraient subi une hausse de 0,65% (Century 21), alors que d'autres annoncent une baisse de 1% à la mi-octobre (Fnaim). L'Insee pour sa part fixe la hausse des prix entre 0,6% et 0,7% après quatre trimestres de baisse consécutifs et un recul évalué à -9,7% entre le deuxième trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009.

Le rebond s'explique par la baisse spectaculaire des taux de crédits immobiliers (taux autour de 4% sur 20 ans) et les efforts entrepris par les établissements bancaires pour retrouver la confiance des emprunteurs. Les ménages ont regagné une certaine solvabilité, surtout les primo-accédants grâce aux incitations du gouvernement. En revanche, le marché de la revente est toujours grippé ce qui entraine une relative raréfaction des biens à vendre.

Tant que le marché de l'emploi continuera à se dégrader, la reprise restera au stade embryonnaire. Les salaires risquent fort de stagner et les emplois à temps partiels augmenter. Même si les prévisions économiques nous orientent plutôt vers une sortie de crise, les courbes d'activité restent faibles. Dans ce contexte, un réel retournement du marché immobilier est peu probable. Pour que le secteur se maintienne, il faudrait une baisse supplémentaire des prix. Le recul sur une année se situe autour de -8% dans l'ancien, un seuil jugé insuffisant par les potentiels acheteurs qui attendent une baisse additionnelle en 2010. Dans le neuf, le marché a mieux résisté grâce à la politique de limitation des stocks des promoteurs et au gel des projets. Encore une fois la loi Scellier doublée de taux d'emprunt attractifs a soutenu avec force le secteur, mais les nouvelles lois sur les normes énergétiques pourraient ralentir le processus...et engendrer un recul des prix pour 2010. Le rebond est indéniable mais le marché émerge lentement des abysses où il avait sombré fin 2008.



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