Crédit immobilier : le taux directeur de la BCE n'a aucune influence sur les taux fixes du crédit immobilier.
En abaissant son principal taux  directeur, la Banque Centrale Européenne envoie un signal aux pays de la  zone euro. Le 2 mai dernier, la décision a en effet été prise de  réduire le taux de 0,75% à 0,50%, afin de relancer la machine du crédit.  C'est pourtant un raccourci de penser que ce levier utilisé par la BCE  pour piloter l'économie de la zone euro aura une influence déterminante  sur l'ensemble des crédits. Son action n'est visible que sur certains  types de crédits. 
A quoi sert le principal taux directeur de la BCE ?
Le  principal taux directeur de la BCE est aussi communément appelé taux de  refinancement. Il s'agit pour l'institution européenne d'un outil  majeur pour influer sur l'octroi de crédits et moduler l'inflation dans  la zone euro. Il sert de baromètre au coût du crédit des pays ayant  adopté l'euro comme monnaie unique. Les banques peuvent en effet  s'alimenter en liquidités auprès de la banque centrale de leur pays  conformément au taux décidé par la BCE. Les banques se prêtent ensuite  entre elles sur le marché interbancaire en appliquant un taux de  rémunération légèrement plus élevé que le taux de la BCE. Quand le loyer  de l'argent est bas, les banques peuvent prêter à des taux faibles aux  particuliers et aux entreprises.
La baisse du principal taux  directeur et des autres taux corrélés est supposée donner une bouffée  d'oxygène aux banques qui empruntent directement auprès de la BCE, car  elles ont difficilement accès au marché interbancaire au jour le jour,  puisque trop endettées. C'est le cas en Espagne ou en Italie, alors  qu'en France les banques ont toujours la confiance du marché.
Son influence sur le crédit immobilier
Elle  est réelle sur les taux courts du marché monétaire, à savoir l'Eonia  (Euro Overnight Interest Average ou taux européen moyen pondéré en bon  français) et l'Euribor (Euro Interbank Offered Rate) qui sont les deux  taux de référence des transactions interbancaires de la zone euro. Le  premier concerne les échanges au jour le jour entre banques (celles qui  sont retenues pour le calcul de l'Euribor) et est donc calculé  quotidiennement ; le second indique le montant moyen des taux d'intérêt  auquel les banques (panel des plus importantes banques de l'UE) se  prêtent à des échéances plus longues (1 mois, 3 mois, 12 mois). 
L'Eonia  et l'Euribor sont intégrés, avec le taux de l'inflation, dans la  formule de calcul qui détermine le taux futur du Livret A, qui sert  ensuite lui-même de référence pour tous les autres livrets bancaires,  réglementés et non réglementés. Leur rémunération est alignée sur ces  taux courts dont le niveau dépend du principal taux directeur de la BCE.  
Dans le champ du crédit, seuls les taux variables ou révisables (à  échéance annuelle) des prêts immobiliers destinés aux particuliers  subissent les variations des taux directeurs. Les taux à court terme  sont identiques pour la zone euro (un seul Eonia et un seul Euribor). En  revanche, les taux à long terme qui déterminent le coût auquel les  Etats peuvent financer leur dette sont propres à chaque Etat. En France,  l'emprunt obligataire est l'OAT 10 ans et est utilisé par les banques  pour déterminer les taux fixes du crédit immobilier. Son niveau dépend  de la qualité de l'émetteur, il est d'autant plus faible que sa notation  est bonne et inversement. Actuellement l'OAT 10 ans a atteint son  niveau le plus bas, permettant ainsi aux taux fixes du crédit immobilier  d'atteindre eux aussi des performances inégalées. Les conditions sont  idéales pour ceux qui cherchent à financer un prêt immobilier à taux  fixe (moins de 3% sur la durée de 15 ans). En revanche, le phénomène  pénalise la rémunération des produits d'épargne composés en partie  d'emprunts obligataires, l'assurance vie étant l'exemple frappant.
 
						 
				Par Gerard Mihranyan, le mardi 14 mai 2013

