Crédit Immobilier Pourquoi Les Taux N'en Finissent Pas De Baisser
On n'a jamais payé aussi peu cher son crédit immobilier...
Juin fut le neuvième consécutif de  baisse des taux des crédits immobiliers. Les taux ont atteint leur plus  bas niveau historique début juillet avec une moyenne de 2,81% toutes  durées confondues (hors assurances), soit 0,27% de mieux qu'en décembre  2013. L'attractivité exceptionnelle des taux fait le bonheur des  emprunteurs qui osent s'engager sur le long terme. Elle permet également  à ceux qui détiennent déjà un crédit de le renégocier pour obtenir des  conditions plus favorables. Pourquoi ce phénomène inédit de taux au  plancher ? Va-t-il s'inscrire dans la durée ? 
Les taux fixes des  crédits immobiliers sont indexés sur le taux de l'OAT 10 ans,  l'Obligation Assimilable du Trésor, qui constitue la forme privilégiée  du financement à long terme de l'Etat français. Celle-ci affichait 1,51%  le 17 juillet contre 2,50% le 31 décembre 2013. Cela signifie que la  France emprunte actuellement sur les marchés 1% moins cher qu'il y a 6  mois. La détente des taux obligataires touchent également les autres  pays de la zone euro ; elle s'explique par la politique accommodante de  la Banque Centrale Européenne qui a baissé ses propres taux (court et  long termes) début juin, et même mis en place pour la première fois un  taux de dépôt négatif. Le but est d'inciter les banques à prêter aux  entreprises et aux particuliers pour relancer le marché du crédit.
La  BCE n'a pas l'intention de changer de braquet en période de quasi  déflation. Elle va maintenir ses taux à des niveaux très bas pour  soutenir les économies européennes et rendre le coût de l'argent moins  cher pour les banques qui empruntent auprès d'elle et se refinancement  entre elles. La situation n'en reste pas moins cornélienne, car à  vouloir minorer le coût de la dette des Etats les taux obligataires sont  très peu rentables. Les marges des banques sur les crédits immobiliers  s'en trouvent affaiblies, ce qui pose un problème de gestion des  risques.
La Banque de France plaide donc pour le retour de la  titrisation des crédits immobiliers, autrement dit les transformer en  placements financiers auprès d'investisseurs. Pour rendre ces titres  rentables, ce que les taux actuels ne permettent pas, il faudrait  augmenter les taux des prêts immobiliers. En mai dernier, le Crédit  Foncier a inauguré la titrisation immobilière en concluant le placement  de près d'un milliard d'euros de titres adossés à 8 900 prêts au  logement. Cela lui permet de déconsolider ces mêmes crédits de son  bilan, plus simplement de transférer le risque ailleurs. De là à ce que  toutes les banques se mettent à titriser leurs prêts il y a un abîme.
Relever  les taux de manière significative est improbable, car dangereux pour la  demande de crédits. Même titrisés, les prêts ne pourraient offrir de  rendement suffisamment attractif aux investisseurs. Il est pourtant une  donnée qui pourrait plaider pour une hausse prochaine des taux :  l'entrée en vigueur de la loi Hamon sur l'assurance de prêt. A compter  du 26 juillet prochain, les nouveaux emprunteurs bénéficieront d'un  délai de 12 mois pour changer d'assurance. Cette disposition va  pénaliser les banques qui réalisent des marges importantes sur cette  garantie...et leur donner l'idée d'augmenter les taux pour compenser les  pertes.
 
						 
				Par Noémie Palussière, le jeudi 31 juillet 2014

