credit_logo

Crédit immobilier : qui pour financer l'accession à la propriété des plus modestes ?

La fin programmée du Crédit Immobilier de France est une catastrophe pour les ménages les plus modestes et a fortiori les primo-accédants. Si l'Etat n'a pas tardé à accorder sa garantie financière au CIF pour éviter la faillite, l'extinction à terme de l'organisme est inévitable. Reste le Crédit Foncier comme dernier acteur pour soutenir l'accession à la propriété des foyers en marge des critères d'octroi d'un prêt par les banques classiques.

Chronologie des faits

En abaissant de trois crans la note du CIF la semaine dernière, l'agence de notation Moody's accule l'organisme à demander l'adossement à une banque ou la reprise de l'Etat. Le CIF n'est pas une banque de dépôt, elle tire ses revenus des marchés financiers. Déjà en mai dernier, la première option n'avait pas été retenue quand l'Autorité des marchés financiers avait suspendu plusieurs obligations émises par le CIF. Confronté à de lourdes difficultés de refinancement, le CIF devait, pour rembourser ses échéances en octobre, trouver un repreneur potentiel, mission vouée à l'échec par un directeur opposé à un adossement et inflexible quant à l'indépendance du groupe. Celui-ci a été débarqué vendredi dernier. Un état d'urgence qui oblige le gouvernement à intervenir en accordant samedi 1er septembre sa garantie au CIF en contrepartie de la gestion des prêts déjà existants jusqu'à leur extinction. Au-delà du drame social pour les quelque 2 500 salariés du groupe, l'arrêt de la production de crédits nouveaux aura des conséquences immédiates sur l'accès au crédit immobilier des populations à faibles revenus.

L'accession à la propriété du plus grand nombre

Déjà fragilisés par la perte du pouvoir d'achat, confrontés au problème des prix des logements toujours trop élevés, aux diktats des établissements de crédit peu enclins à prendre de risques, les ménages les plus fragiles et dans un grande majorité les primo-accédants ont désormais peu de solutions pour financer un projet immobilier. Par son savoir-faire dans l'accompagnement des emprunteurs dans leur parcours immobilier, le CIF était devenu un acteur incontournable de la mixité sociale et un partenaire privilégié pour tous les candidats exclus par le durcissement de l'accès au crédit pratiqué par les banques classiques. Qui peut aujourd'hui remplir la même mission ? Hormis le Crédit Foncier de France repris en 1999 par BPCE, seule GE Money Bank, filiale du groupe américain General Electric, ne demande pas de domiciliation bancaire ; mais sa visibilité est faible sur le marché français. Les Caisses d'Epargne et la Banque Postale pourraient être intéressées. Une prise de risques qui aurait un coût d'emprunt plus important pour les clients soumis à des taux d'intérêts plus élevés. Plus que jamais, devenir propriétaire en France est un parcours d'obstacles qui pénalise les plus démunis.



Gerard Mihranyan

Par , le vendredi 7 septembre 2012

Partager cet article :