Alors que les taux de crédit immobilier enregistrent une nouvelle baisse en août, la production ne cesse de se dégrader. Le paradoxe de la situation s'explique par le reflux massif de toute une catégorie d'emprunteurs potentiels, échaudés par le contexte économique peu engageant.

Les taux d'intérêt des crédits immobiliers affichent une moyenne de 3,51% au mois d'août contre 3,54% en juillet et 3,60% en juin. Sans avoir égalé le seuil historique de 3,25% atteint à l'automne 2010, les taux renouent avec les performances de janvier 2011. En six mois, ils auront perdu près de 0,50%. Selon le courtier Empruntis, la moyenne sur 15 ans s'établit à 3,45%, et 3,80% sur 20 ans auprès de leurs partenaires bancaires. Les taux ne devraient pas remonter prochainement, ce qui, en soi, constitue une bonne nouvelle pour tous ceux qui veulent emprunter, mais est révélateur d'une situation préoccupante pour la zone euro. La Banque Centrale Européenne maintient son taux directeur à un niveau jamais atteint, permettant aux banques de se refinancer à bas coût.

La baisse des taux est également une conséquence directe de la réduction de la durée moyenne des prêts accordés : elle était de 206 mois en août contre 214 mois au début de l'année, et témoigne de la frilosité des banques à prêter sur les durées supérieures à 25 ans. Les clients qui passent la porte des établissements bancaires posent sur la table un apport personnel plus conséquent. Celui-ci progresse de 9,6% en 2012.

Loin de profiter des taux attractifs, les moins armés et les plus hésitants renoncent à leur projet. La peur du lendemain et l'ambiance morose qu'on doit à la crise économique européenne freinent les ardeurs de ceux qui craignent pour leur pouvoir d'achat. S'engager sur le long terme avec un emprunt sur le dos paralyse les plus fragiles, primo-accédants et ménages modestes, qui sont souvent les mêmes. Et ce n'est pas la disparition programmée du Crédit Immobilier de France, seul organisme avec le Crédit Foncier à soutenir l'accession des faibles revenus, qui va les rassurer. Le mois d'août a vu sa production de crédits reculer très fortement (-29,6%). Juillet avait pourtant donné quelques signes d'optimisme avec un volume de crédits accordés en hausse de près de 10% par rapport au mois de juin. Sur les 8 premiers mois de l'année, la production de crédits plonge de 31,4% par rapport à la même période en 2011. La baisse attendue pour l'ensemble de l'année devrait se chiffrer entre 25% et 30%.