Une chute significative corrélée à la dégradation des conditions d'emprunt. L'immobilier français qui fait toujours figure d'exception dans le paysage européen avec un marché soutenu malgré une réalité économique morose pourrait subir un retournement logique. La correction des prix est un scénario désormais réel, amorcé depuis quelques mois en province et tout récemment en zone francilienne.

Pour appuyer ses prévisions, S&P reprend l'historique du marché immobilier français : entre septembre 2007 et mars 2009, quand les capacités d'emprunt se contractaient de 7%, les prix subissaient un repli de 10%. Avant fin 2013, l'agence anticipe le même schéma avec, déjà, une chute de la production de prêts de 20% pour 2012.

Personne n'a attendu l'oracle de S&P pour anticiper une année 2012 difficile, mais sans doute pas dans les proportions de l'agence de notation. Réforme des plus-values immobilières, recul des aides à l'accession, fin du PTZ+ dans l'ancien, et déjà la production de prêts immobiliers est en chute libre : -40% en février par rapport à février 2011, fort repli lié à une demande qui se tarit, mais également au durcissement des conditions d'accès au crédit par les banques. Autre chiffre corroborant l'exclusion d'une partie des accédants potentiels : la durée moyenne d'emprunt s'est raccourcie pour passer de 237 mois en juillet 2011 à 211 mois en mars dernier. Ceux qui peuvent emprunter posent sur la table un apport personnel plus conséquent (20%), ce qui leur permet de réduire la durée de remboursement. S&P utilise un autre indicateur pour étayer la thèse du recul des prix : l'augmentation de l'inflation et la stagnation du pouvoir d'achat. Une hypothèse supplémentaire vient durcir le trait avec la remontée des taux de crédit prévue d'ici la fin de l'année, mouvement probable en parallèle de la hausse de l'OAT 10 ans.

Selon le réseau d'agences Century 21, les prix ont déjà reculé de 2,1% au premier trimestre pour l'ensemble de la France.