Immobilier français : trop cher !
L'immobilier français n'est pas seulement cher, il est surévalué. Le constat n'est pas nouveau, les années 2010 et 2011 témoignent de l'emballement des prix dans un contexte économique pourtant dégradé. Institutionnels comme particuliers, tous s'accordent à dire que les prix des logements, mais également des loyers, ne sont pas en corrélation avec le niveau de revenus des ménages. Le magazine britannique The Economist confirme, chiffres à l'appui, ce que chacun sait et ressent. Le marché français a mieux résisté à la crise que d'autres pays, mais il risquerait à terme de subir la trop forte surévaluation des prix par une chute brutale.
Dans une récente enquête visant à recenser le niveau des prix immobiliers dans plusieurs pays, The Economist révèle que le marché français est le plus surévalué du monde. Sur les 18 pays observés, le France est celui où l'écart entre les prix des logements et le niveau de revenus des ménages est le plus important. A partir de deux critères, le ratio prix-loyer et le ration prix-revenus, le magazine évalue la déconnection du marché immobilier hexagonal : avec un premier ratio de 39%, la France se classe 5ème. Sur le ratio prix-revenus, notre pays truste la première place : les prix de l'immobilier seraient surévalués de 34%, devant les Pays-Bas avec 33% et le Canada à 32%. Le marché allemand est lui en revanche largement sous-évalué (17%) quel que soit le critère retenu. Même cas de figure aux Etats-Unis où le rapport prix/loyers est sous-évalué de 8% et le rapport prix/revenus de 21%, malgré une hausse de 9,3% sur un an.
Le décalage entre les prix des logements et les capacités financières de foyers français est énorme. Cette surestimation pourtant constatée par tous, à commencer par les professionnels, reste tenace malgré des corrections sensibles depuis quelques mois. La baisse des prix en 2012 (-1,7%) n'a qu'un faible impact sur l'envolée affichée en 2011 (9% en moyenne sur la France, +20% à Paris). Rétrospectivement, la hausse reste modérée : +1,1% depuis 2007. Ce qui n'empêche pas le magazine de prédire l'éclatement de la bulle immobilière. Un scénario pourtant peu probable étant donné la solidité des fondamentaux du marché français : demande structurellement soutenue (démographie, décohabitation, préparation de la retraite, effet valeur refuge), niveau de défaillance des emprunteurs très faible, pas d'excès d'offres, voire pénurie dans certaines zones, pas de resserrement drastique du crédit, et niveau bas des taux d'intérêt.

Par Gerard Mihranyan, le mercredi 22 mai 2013