Immobilier : l'exception française.
A contre courant de tous les schémas  observés chez nos voisins européens et américains, les prix de  l'immobilier français résistent. Rien n'y fait, ni la stagnation de  l'économie, ni la montée du chômage, ni l'effondrement des ventes et de  la construction neuve n'ont eu raison des prix trop élevés. Une  exception mondiale qui n'a pas échappé au gouvernement, mais contre  laquelle il peut difficilement agir étant donné que les caisses sont  vides. Avec une surcote estimée à 35% (selon une étude du journal  britannique The Economist), l'immobilier français est considéré comme le  plus surévalué au monde par rapport aux revenus des ménages.
Une baisse qui se fait attendre et des ventes en berne
Depuis  début janvier, chacun a rendu son bilan de l'année 2012. Les réseaux  d'agences immobilières ont annoncé un repli des valeurs entre -3% (Orpi)  et -1,9% (Century 21) avec des variations selon les régions qui peuvent  atteindre -10% (Poitou-Charentes) et +1% en Île-de-France. La Fnaim  estime qu'ils auraient augmenté de +0,8%, mais pour tous le recul des  transactions se situent entre 20% et 25%. 
Pour justifier cette belle  résistance des prix, on peut mettre en cause le niveau historiquement  bas des taux d'intérêt du crédit immobilier. Ils ont tout juste évité un  effondrement plus marqué. Le facteur qui fige le marché est la  dichotomie entre acheteurs et vendeurs. Dans un contexte économique  dégradé, les acheteurs attendent que les prix baissent de manière  significative. Acheter pour se loger ou investir dans un logement reste  un pari sur l'avenir que beaucoup ne veulent pas risquer. Les  primo-accédants ont déserté le marché, refroidis par la suppression du  PTZ+ dans l'ancien, et l'immobilier locatif a perdu 50% de ses  investisseurs. Les banques non plus ne prennent plus de risques : taux  d'apport minimum de 20%, durées d'emprunt raccourcies et profils sûrs  privilégiés, quitte à pratiquer des décotes substantielles sur les taux  affichés. 
Quant aux vendeurs, la réforme de la fiscalité des  plus-values entrée en vigueur en février 2012 les incite à tenir leurs  prétentions, même si elles sont en décalage avec la réalité. Sans  oublier que ces mêmes vendeurs sont habitués depuis 2010 à une forte  inflation des prix malgré une crise qui perdure. L'écart entre le prix  de vente et le prix négocié a pourtant tendance à se creuser. Le réseau  d'agences Orpi a constaté que le delta pouvait atteindre jusqu'à 15%,  une observation à l'origine d'une démarche qui se veut salutaire pour le  marché, à savoir un ajustement des prix entre 5% et 15% proposé aux  vendeurs en 2013.
Pouvoir d'achat en hausse
Pourtant,  la faiblesse des taux d'emprunt aurait permis au pouvoir d'achat  immobilier d'augmenter en 2012. Les courtiers Empruntis et Meilleurtaux  ont chacun étudié le nombre de mètres carrés qu'un ménage empruntant sur  20 ans pouvait acquérir en 2012 dans les plus grandes villes de France.  La hausse du pouvoir d'achat sur un an est chiffrée entre +11% (Nice)  et +14% (Nantes) pour Empruntis, et entre +8% et +12% (Strasbourg) pour  Meilleurtaux. Une capacité d'emprunt qui s'améliore mais qui s'étiole au  gré des hausses des prix. Si la plupart des villes perdent des points  dans des proportions variables, Lyon engrange une augmentation du prix  du mètre carré de 10%, ce qui annule le gain obtenu grâce aux taux. 
Prévisions pour 2013
Economistes  et analystes tablent sur un recul des prix compris entre 0% et 5%.  Entre stagnation et baisse sensible, seul le bilan de fin d'année  tranchera. Pour l'heure, il n'existe aucun soutien de la part du  gouvernement en faveur de l'immobilier ancien. L'immobilier neuf  bénéficie toujours du PTZ+ et depuis janvier du dispositif de  défiscalisation Duflot pour l'investissement locatif. L'unique solution  pour relancer le marché passe par une correction des prix de la part des  vendeurs. Une autorégulation nécessaire, motivée également par les  acheteurs dont on peut dire aujourd'hui qu'ils ont la main. 
 
						 
				Par Gerard Mihranyan, le lundi 21 janvier 2013

