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Immobilier : les prix dérapent.

Manque de cohésion mais néanmoins cohérence, le moins qu'on puisse constater est que le marché immobilier français suggère une certaine réflexion. Après 18 mois de crise économique qui donne toujours et encore des signes négatifs, le sursaut de l'activité immobilière est bien réel depuis le début de l'année 2010 et les prix s'envolent pour retrouver quasiment leur niveau de 2008.

Le réseau Century 21 qui regroupe 900 agences sur l'hexagone se félicite du volume des transactions en rebond depuis le début de l'année. L'activité a grossi de +11,3% en une année et le délai de transaction s'est réduit de 101 jours à 82 aujourd'hui. Ce regain d'énergie ne doit pas cacher l'envolée des prix des biens immobiliers, l'état des lieux dressé par le réseau inquiète d'ailleurs les analystes du secteur qui se disent préoccupés par cette "hausse brutale" des prix : le premier semestre enregistre en effet une augmentation de 8,5% en moyenne sur l'ensemble du territoire par rapport à 2009. Le président de Century 221 estime que la limite des prix acceptable par les acheteurs est désormais atteinte.

Cette évolution très marquée doit être analysée à l'échelle nationale où les disparités sont criantes. Paris sort du lot comme toujours avec des prix au mètre carré qui atteignent des sommets records : 7 079€ le prix moyen du mètre carré sur la capitale soit un bond vertigineux de +15% sur un an, et 5,4% de plus qu'en 2008. La cruelle pénurie de biens explique le niveau exceptionnel des prix. Le niveau des taux de crédit engendre également une inflation des prix qui se trouvent doper par des conditions de crédit rarement atteintes depuis plusieurs mois. Le site Meilleursagents.com confirme lui aussi la forte augmentation des prix parisiens et l'estime à +1,5% par mois depuis une année. Cette concrétisation très appuyée de la loi de l'offre et de la demande induit parfois des comportements exagérés de la part de certains acheteurs qui n'hésitent pas à surenchérir pour gagner une affaire. Un appartement parisien se vend aujourd'hui en moyenne dans les 48 jours quand il en fallait 75 en début d'année 2009. La baisse de l'euro face au dollar permet de surcroît le retour des investisseurs étrangers dans la capitale qui demeure la "place" pour des biens de très haut standing.

Le reste de la zone francilienne subit le même sort dans de moindres proportions : les Hauts-de-Seine gagnent +14%, 8,8% pour le Val-de-Marne, 7,4% pour la Seine-et-Marne et 5% pour l'Essonne et les Yvelines. Ces performances excluent de fait les primo-accédants et les jeunes ménages dont le pouvoir d'achat n'est pas suffisant pour accéder à la propriété. Le pourcentage de ménages à pouvoir envisager d'acheter leur résidence principale passe de 75% en Seine-Saint-Denis ou à Meaux à seulement 19% à Paris intra-muros. Les secundo ou pluri-accédants sont de retour sur le marché avec une plus grande proportion désormais de cadres et de retraités pour lesquels la pierre constitue une valeur refuge en période de crise.

Les autres régions françaises vivent aussi un mouvement haussier moins marqué qu'en région parisienne mais néanmoins notables : +8,5% en Bretagne, +7,9% en Alsace, +11% en Provence, +15,6% en Poitou-Charentes, ou encore +7,6% à Lyon. La Basse-Normandie (+0,36%), la Haute-Normandie(+1,7%) et le Limousin (+1,5%) enregistrent des hausses plus légères.

Le réseau Century 21 présage pour le reste de l'année un ralentissement des prix pour atteindre une moyenne annuelle autour de +6%. La bulle immobilière des premières années 2000 se heurte aujourd'hui au seuil psychologique au-delà duquel les acquéreurs potentiels ne veulent plus acheter.



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