Observatoire des taux des courtiers en crédit immobilier
Baromètre des taux : il est plus facile d'emprunter en janvier 2021
L'année 2021 débute sous les meilleurs auspices pour tous ceux qui portent un projet immobilier : les taux d'intérêt des crédits immobiliers continuent de baisser, l'usure se relève légèrement et les conditions d'octroi s'assouplissent. Trois raisons combinées qui facilitent l'emprunt immobilier dans un contexte marqué par une crise économique sévère.
Des taux d'emprunt proches de leur plus bas historique
La bonne nouvelle de ce début d'année est le bon niveau des barèmes bancaires. Aucun établissement financier n'a relevé ses taux d'intérêts des crédits à l'habitat en ce mois de janvier. Certains, plus offensifs, ont choisi de baisser les valeurs. Selon les enseignes et les durées, le reflux oscille 0,05% et 0,20%, avec une contraction moyenne par rapport à janvier 2020 autour de 0,10%. Les baisses concernent tous les profils, pas seulement les revenus élevés..
Après les hausses opérées durant le premier confinement, les taux d'emprunt immobilier n'ont cessé de diminuer graduellement à partir de mai 2020, au pire de stagner. Janvier 2021 poursuit la tendance baissière, alors que le contexte économique dégradé s'installe durablement. Les banques veulent distribuer au moins autant de crédits immobiliers qu'en 2020, année chahutée s'il en est, qui aura perdu autour de 20% de sa production par rapport à 2019, millésime record en termes de transactions et de volume de prêts.
La conquête de nouveaux clients devrait donc être facilitée par ces taux attractifs qui s'approchent de leur plus bas historique établi durant l'automne 2019. Selon l'Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux brut toutes durées confondues affichait à l'époque 1,11% (hors assurance et coût des sûretés). Actuellement, le taux moyen se situe autour de 0,90% sur 15 ans, de 1,15% sur 20 ans et de 1,40% sur 25 ans. Les meilleurs profils peuvent décrocher une décote significative qui porte le taux à 0,50% sur 15 ans et à 0,70% sur 20 ans.
Au-delà de ces taux performants, le régulateur autorise les banques à lâcher du lest, une décision tant attendue par les candidats à l'emprunt et les professionnels de l'immobilier.
Le régulateur assouplit les règles d'octroi
Nonobstant la crise sanitaire et économique, les conditions d’emprunt étaient propices à l'achat immobilier durant l'année 2020, permettant de s'endetter à moindres coûts. Il fallait pourtant composer avec les règles d'octroi édictées par le Haut Conseil de Stabilité Financière en décembre 2019 :
- limitation du taux d'endettement à 33% des revenus nets de l'emprunteur ;
- plafonnement de la durée de remboursement à 25 ans ;
- limitation de l'endettement immobilier à 7 années de revenus.
Les banques ont été priées de suivre scrupuleusement ces consignes qui avaient valeur d'injonctions, puisque leur respect subordonnait le ratio de fonds propres. Malgré les appels répétés des professionnels du secteur, le régulateur, placé sous l'égide du ministre de l'Économie, a maintenu ses recommandations tout au long de l'année 2020. Ce cadre strict a eu pour effet d'augmenter le nombre de refus, excluant de l'accès à l'emprunt immobilier un grand nombre de candidats qui pouvaient être financés selon les critères appliqués en 2019.
Le taux de refus a atteint 17% en décembre 2020, trois fois supérieur à ce qu'il était en 2019. Les plus touchés par cette rigueur bancaire ont été les primo-accédants et les investisseurs locatifs, candidats disposant généralement d'un faible apport, quand il n'est pas tout simplement inexistant, et abonnés aux durées les plus longues et aux taux les moins performants. Certains d'entre eux pourront peut-être représenter leur demande de crédit en vertu d'un assouplissement des règles d'octroi.
Dans sa dernière recommandation, le HCSF décide en effet de rehausser le taux d'endettement maximum à 35% au lieu de 33%. La durée reste plafonnée à 25 ans, mais prend en compte un éventuel différé de remboursement de 2 ans : l'achat dans le neuf peut désormais être financé par un crédit de 25 années pleines, au lieu de 23 ans comme l'imposait la règle précédente. En tenant compte de ces 2 années, il sera plus facile de respecter le seuil de l'endettement. Dans un marché locatif détenu à 60% par des investisseurs privés, ce léger allongement est le bienvenu.
Par ailleurs, la marge de flexibilité accordée aux banques qui leur permet de s'affranchir des meilleures pratiques concernant le taux d'effort et la durée d'emprunt passe de 15% à 20%, toujours à destination de la primo-accession et de l'acquisition de la résidence principale.
Légère remontée des taux de l'usure
C'est dans ce contexte de taux en baisse et de règles d'octroi amendées que la Banque de France révise ses taux de l'usure. Chaque trimestre, l'institution calcule les taux pour le trimestre en cours à partir des taux moyens octroyés le trimestre précédent, augmentés d'un tiers. Pour le T1 2021, les taux maximum légaux que les banques ne doivent pas dépasser pour accorder un financement remontent de 5 points sur les maturités entre 10 et moins de 20 ans (2,57%), et de 15 points pour les prêts remboursés sur moins de 10 ans. Le taux de l'usure est quasi stable sur la durée classique de 20 ans et plus (2,67%).
La baisse des taux de l'usure en 2020 dans un contexte de taux plus élevés avait engendré un effet ciseaux, préjudiciable aux emprunteurs les moins bien dotés. Le relèvement de l'usure et le repli des taux d'intérêts ouvre de nouvelles perspectives aux candidats empêchés en 2020.