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Immobilier : coup de frein sur le marché.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. 2010 aura été une année bénéfique pour l'immobilier, le marché a été littéralement dopé par des taux de crédit historiquement bas et les aides à l'accession fortement incitatrices. Sans oublier le dispositif Scellier qui a fait les beaux jours du marché du neuf. 2011 a démarré sensiblement sur les mêmes bases, mais le contexte d'achat n'est plus le même. Les aides à l'accession ont subi une grande refonte, le Scellier a vu son avantage fiscal fortement réduit et les taux de crédit sont repartis à la hausse.

Les signes de ralentissement jusque là ignorés commencent à être bien visibles. Le marché marque le pas, c'est déjà le cas dans les régions depuis plusieurs mois ; Paris restait sur son nuage, mais semble réduire la voilure. Un atterrissage nécessaire et sans doute salutaire pour le marché en général : la flambée des prix en 2010 a déconnecté le marché d'une réalité économique plus sombre. L'hétérogénéité du marché immobilier français nous oblige à contraster le propos.

La remontée des taux de crédit depuis l'automne dernier a été presque brutale. Les records historiques du mois d'octobre sont dorénavant effacés et les taux retrouvent les valeurs du début de l'année 2010. Un prêt sur 20 ans obtient un taux de 4,30% en moyenne, quand il pouvait bénéficier du taux exceptionnel de 3,70% à l'automne dernier. Une réalité économique que les vendeurs n'ont pas encore tout à fait intégrée : le pouvoir d'achat des acquéreurs souffre et la seule solution pour compenser la hausse des taux est d'allonger la durée d'emprunt ou d'augmenter l'apport personnel. Les banques n'octroient plus de prêts de très longue durée (au-delà de 30 ans) et augmenter l'apport personnel a forcément une portée limitée. Les acheteurs doivent retrouver des valeurs en adéquation avec le pouvoir d'achat. Le marché est plus rapide que la réaction des vendeurs : il commence à se gripper. Certaines régions (le Nord et l'Est essentiellement) commencent à enregistrer des baisses de prix depuis le printemps, les zones rurales en général également.

Dans la région francilienne, la pénurie soutient encore la hausse des prix. Après une hausse moyenne de près de 20% en 2010, Paris s'envole de 18% sur l'année 2011 et les communes bourgeoises de la région ont elles aussi augmenté à un rythme soutenu qui pouvait par endroits dépasser les 10%. Le marché parisien est fermé aux primo-accédants dont le pouvoir d'achat est insuffisant pour prétendre à l'accession. Ce sont les secundo-accédants et les investisseurs qui ont fait le marché. Les récentes mesures concernant les plus-values devraient calmer le jeu, en tous cas pour les investisseurs pour lesquels le Scellier deviendra moins intéressant en 2012. Si les biens de prestige et à haute valeur ajoutée se vendront toujours, un réajustement sur les biens plus médiocres est plus que probable : les prix vont baisser sur ce type de logements dont les prix de vente se situaient de manière illogique au niveau du prix moyen d'une même zone.

Le ralentissement du volume de transactions s'explique également par l'attentisme aussi bien du côté des acheteurs que du côté des vendeurs : le contexte économique et l'échéance électorale étouffent pour l'heure les intentions d'un grand nombre.