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Immobilier : la crise pourrait ralentir le marché.

Le ralentissement du marché immobilier est notable depuis plusieurs semaines. Même le marché parisien très actif depuis 2 ans a marqué le pas en juin. Certes les mois d'été sont peu propices à l'achat immobilier, mais les tous récents bouleversements sur la planète financière pourraient accélérer le phénomène. Que risque l'immobilier français dans ce contexte de crise ?

De la distribution du crédit dépend l'achat immobilier. Les taux de crédit immobilier sont déterminés par différents indices, le principal étant l'OAT (obligation assimilable au Trésor) qui sert de référence aux banques pour définir les taux fixes. L'OAT est une obligation émise par un Etat pour se financer. Au coeur de la défiance boursières actuelle, l'OAT évolue au gré de la capacité de l'Etat emprunteur à honorer sa dette. En perdant leur triple A, les Etats-Unis doivent emprunter à un taux plus élevé pour se financer. La France garde pour le moment la confiance des agences de notation et peut continuer d'emprunteur à un taux relativement bas (3,14%). L'Allemagne est le bon élève de la zone euro avec un taux d'intérêt pour ses obligations d'Etat sur 10 ans à 2,42%. Les investisseurs ont donc tendance à se reporter sur les obligations plus sûres de ces deux pays. Par capillarité, les taux de crédit immobilier suivent la tendance et les banques peuvent ainsi maintenir des taux performants.

Le niveau des taux de crédit n'est pas la seule variable du marché. Le contexte économique avec ses dommages collatéraux perturbe le secteur : chômage, incertitude économique, sans compter l'incertitude politique quant aux décisions à prendre sur la fiscalité. L'augmentation des taux de crédit entamée dès la fin de l'année 2010 s'est poursuivie depuis, tout en ralentissant quelque peu à partir du mois de mai. Un demi-point supplémentaire en 6 mois, et un niveau qui reste malgré tout performant. En parallèle, les prix des biens immobiliers ont continué de grimper, de manière inégale toutefois : une envolée spectaculaire du marché parisien (+36%) en 2 ans, et un net ralentissement ailleurs après une hausse moyenne de +9% en 2010 (sauf pour les grandes agglomérations).

Acheter sa résidence principale est devenu l'objectif premier pour beaucoup, l'Etat s'étant lui-même fixé le seuil de 75% de propriétaires à l'horizon 2025. L'investissement locatif a été favorisé grâce à la mise en place du dispositif Scellier qui a permis de soutenir le marché du neuf. Or, soutenir l'immobilier dans un contexte de crise coûte cher et les finances publiques sont exsangues. Après avoir donné, l'Etat reprend. Coupes franches dans les niches fiscales en 2011 notamment sur le Scellier qui bénéficie surtout aux logements BBC, et des perpectives pour 2012 qui laissent augurer d'un durcissement inexorable. Les dernières annonces de nos ministres autorisent à penser que les aides seront réduites pour ménager les comptes publics : rétablir la santé financière du pays est la priorité, un budget 2012 très rigoureux se profile donc. Ouvrir les vannes pour soutenir la croissance et accroître le déficit ou fermer le robinet pour réduire la dette et entrer dans une période de récession ? La France semble avoir choisi : un excès d'endettement est un frein à la croissance, trouver le juste équilibre est le dilemme actuel.