Immobilier : quand la crise mondiale perturbe le marché.
Alors que les bourses dévissent partout dans le monde suite à la dégradation de la note des USA, les analystes rappellent que le marché immobilier français doit faire l'objet d'une surveillance accrue. A l'inverse des autres pays occidentaux dont l'immobilier s'est quasiment effondré, la France a su garder la tête hors de l'eau et a permis à son marché local de se redresser rapidement grâce à diverses mesures de soutien (Scellier, PTZ). Ces aides gouvernementales jumelées à des taux de crédit très bas ont soutenu le marché de l'ancien et du neuf au moins jusqu'au premier trimestre de cette année. Les récentes réformes de ces mêmes aides ont néanmoins mis en lumière l'impossibilité pour le gouvernement de pérenniser sa politique en faveur du logement. L'immobilier français s'est plutôt bien porté en 2010 avec une hausse moyenne des prix de +9% et des variations régionales très marquées. Personne n'oublie en effet les records battus chaque mois par Paris, une tendance qui perdure, la pénurie endémique de logements positionnant la capitale française comme une des villes les plus chères du monde.
La France est d'ailleurs le troisième marché immobilier le plus surévalué au monde (après Hong Kong et l'Australie), selon le journal The Economist. Un classement qui pourrait signifier une vivacité certaine du marché, mais pourrait également cacher l'existence d'une bulle immobilière, comme certains auraient tendance à le penser. L'indicateur d'évaluation des prix de logements par rapport aux loyers est effectivement supérieur de 48%, un décalage qui risque à terme d'entraîner une dégringolade des prix.
La pierre a conforté son statut de valeur refuge en 2009, et surtout en 2010, les Français se détournant des marchés boursiers trop volatils. Il n'empêche, les marchés boursiers rattrapent aujourd'hui le marché immobilier. Les promoteurs immobiliers font état d'une chute de 19% des ventes de logements neufs pour les premier semestre 2011 par rapport au premier semestre 2010. Ils avancent trois causes : la hausse des taux d'intérêt des crédits immobiliers consécutive à la hausse des indices de référence (OAT, Euribor), la hausse des prix due notamment aux nouvelles normes environnementales (BBC) et la réforme du Scellier avec la réduction de ses avantages fiscaux. La diminution concerne avant tout les ventes à investisseurs (-32% sur l'achat Scellier) plutôt que l'accession à la propriété. Quand la situation économique envoie des signaux alarmants, et la dette des pays occidentaux n'est pas le moindre, l'attentisme s'impose et l'échéance électorale prochaine renforce ce sentiment de protection.