Immobilier : quand la réforme de la taxe sur les plus-values fait le jeu des acheteurs.
Les professionnels de l'immobilier agitent le chiffon rouge. La toute récente réforme de la taxe sur les plus-values immobilières passe mal, les agents immobiliers craignent un effet boomerang à plus ou moins long terme qui risque de gripper le marché.
En alourdissant la taxe sur les plus-values réalisées lors de la vente d'un bien autre que la résidence principale, le gouvernement se met à dos toute une profession, agents immobiliers et constructeurs, qui voient s'amonceler des nuages à l'horizon 2012. La réforme qui consiste à imposer les plus-values jusqu'à 30 années de détention sera applicable à partir du 1er février 2012 : à partir de cette date, seule la vente d'un bien détenu depuis au moins 30 ans sera exonérée totalement. Aujourd'hui un bien immobilier est exonéré de taxes après 15 ans par le jeu de l'abattement de 10% après la sixième année. Dès l'entrée en vigueur de la réforme, les biens détenus depuis au moins 15 ans seront taxés à 80%, on ne parle plus d'alourdissement, mais de coup fatal porté aux propriétaires qui ont attendu toutes ces années pour avoir un retour sur investissement.
Dans un premier temps, la réforme, qui concerne la moitié des biens immobiliers, aura pour effet de mettre sur le marché un grand nombre de biens, ceux qui sont détenus depuis plus de 15 ans pour être intégralement exonérés, et ceux détenus depuis moins longtemps pour profiter des abattements. Seuls les biens en propriété depuis moins de 5 ans ne perdent pas au change, on leur retirera uniquement à partir du 1er février l'abattement de 1 000€ quelque soit le nombre d'années de détention. Le problème est épineux pour les propriétaires qui doivent réagir vite, car le nouveau barème concernera toutes les ventes finalisées à compter du 1er février : les avants-contrats, compromis et promesses de ventes courant au-delà de cette date, ne pourront pas bénéficier de l'ancienne formule beaucoup plus avantageuse.
Les acheteurs potentiels entrent dans une période propice : vendeurs obligés de rabaisser leurs prétentions pour boucler la vente au plus vite, et taux de crédit en légère baisse depuis août. La fenêtre de tir sera de courte durée. Passé le mois de novembre, l'offre va se réduire, ceux qui n'auront pas réussi à finaliser seront peut-être amenés à retirer leur bien de la vente pour ne pas être pénalisés par la réforme. La raréfaction de l'offre risque à terme de faire monter les prix, un renchérissement du marché alimenté par la pénurie de biens. Autre effet pervers : les terrains à bâtir eux aussi dans la tourmente pourraient venir à manquer, une rétention qui aura pour corollaire de faire grimper les prix de logements neufs pour compenser l'augmentation du foncier. Last but ont least, les locataires pourraient également se retrouver les dindons de la farce : dans la perspective de cette taxe sur les plus-values, les propriétaires pourraient augmenter les loyers pour ne pas rogner leur rendement. Des phrases au conditionnel qui vont probablement basculer vers l'indicatif dans peu de temps.